De son départ de chez lui le 1er août 1914 à sa mort le 22 décembre de la même année, Jules Ernest Edmond Druesne, lieutenant du 37ème régiment d’infanterie issu de la branche de Ruesne-Plouchart de Saint-Martin-sur-Ecaillon, écrira presque chaque jour depuis le front à son épouse Cécile Becker. C’est un véritable roman dans lequel on se plonge ; à l’occasion du centenaire de la guerre, Christine Druesne, descendante de Jules, a entrepris de publier chacune des lettres sur son blog. Au total, ce sont des dizaines de lettres qui racontent, presque au quotidien, l’enfer des tranchées de l’Yser.
Le 20 décembre 1914, celui qui devait mourir deux jours plus tard écrivait à son fils :
Carton commémoratif de Jules Druesne (Christine Druesne)
Et le 22 décembre, quelques heures avant de tomber au combat dans les tranchées de l’Yser à Bixchoote (Belgique), il écrivait à son épouse :
Les lettres de Jules constituent un témoignage poignant de la vie dans les tranchées. Espoir, survie, amour, plaisir des choses simples, mais aussi violence, sang, cadavres et deuils par dizaines ponctuent les nombreuses lettres que Cécile, l’épouse de Jules, conserva précieusement.
Un livret militaire peut raconter beaucoup sur un homme ; celui dont je vais vous parler est celui de mon arrière-grand-père paternel, Jules Ernest Edmond Druesne, né le 22 janvier 1866 à Etroeungt (Nord) de Jules et de Céline Buguin. Jules devait être incorporé en 1888, mais il s’est engagé comme volontaire pour cinq ans le 12 juin 1884 à 18 ans à Avesnes-sur-Helpe dans le Nord. Il était alors employé de commerce à Hautmont (Nord). Il avait les cheveux et les sourcils châtains, les yeux gris, le front « couvert », un nez moyen, une bouche moyenne, un menton rond et le visage ovale ; il mesurait 1m72 et n’avait aucune marque particulière.
Il est incorporé d’abord au 37ème régiment d’infanterie comme soldat de seconde classe, y passe caporal le 5 juillet 1885, puis caporal fourrier le 21 septembre de la même année, sergent le 25 février 1886 et enfin sergent-major. Rengagé pour cinq ans le 21 février 1888, il devient adjudant le 26 février 1893 et se rengage en juin 1893, à nouveau pour cinq ans. Il est commissionné à compter du 12 juin 1899 par une autorisation du Général de la 22ème brigade d’infanterie. Il passe dans l’armée territoriale le 11 octobre 1902, ayant fait une demande de liquidation de retraite et se retire à Laxou (Meurthe-et-Moselle), à l’asile d’aliénés de Maréville, comme secrétaire de direction. Il effectue une période d’instruction militaire au 4ème régiment territorial d’infanterie du 25 septembre au 8 octobre 1905.
Au chapitre des décorations, il est écrit « Autorisé par décret du Président de la république en date du 25 juillet 1902 à accepter et à porter la médaille d’or de l’ordre de Saint Stanislas qui lui a été conféré le 25 juillet par l’Empereur de Russie ». Il a aussi été décoré de la médaille militaire par décret du 4 décembre 1902.
On apprend aussi dans son livret qu’un certificat de bonne conduite lui a été accordé ; qu’il a été vacciné avec un « succès certain », qu’il savait lire et écrire à son arrivée au corps ; qu’il a commencé l’escrime le 15 juin 1884 et a été admis à faire l’assaut le 1er avril 1886 ; qu’il savait nager à son arrivée et considéré comme nageur ordinaire au moment du passage dans la disponibilité. Ses résultats au tir à la cible étaient bons puisqu’en 1885 il était 3ème au classement sur un champ de tir de 600 mètres et 1er au classement en 1894 et 1er également au tir au revolver.
On trouve dans le livret la liste des effets fournis aux soldats. Cela va du bourgeron à la capote, aux brodequins, au dolman ou aux guêtres de cuir ; mais aussi aux cartouchières, au ceinturon, au havresac, au fusil, sabre et revolver. Afin d’avoir des effets à la bonne taille, on découvre un tableau des mesures du soldat à l’incorporation et au moment du renvoi dans les foyers. Je peux dire ainsi que Jules avait un peu grossi (4 cm de plus de tour de taille) pendant sa période militaire ! Il avait une assez grosse tête, avec 58 cm de tour de tête, et ses pieds mesuraient 26 cm.
Un peu plus loin, il y a les comptes qui devaient être visés par le capitaine. La première mise à l’incorporation était de 40 frs mais rapidement engloutis par la distribution de petit équipement coûtant 40,15 F. Pour les 16 premières journées, il touche 1,92 F, soit 0,12 F par jour. Il est ensuite payé 11,04 F par trimestre. Ses dépenses étaient pour des ressemelages, une cravate, un étui-musette, un étamage de petite gamelle ou de quart, une brosse, une paillasse à laver ou un nettoyage de drap. En 1885, il n’est plus payé que 0,11 F par jour, mais je n’en connais pas la raison. Il lui reste 15,53 F lorsqu’il passe caporal le 5 juillet 1885 ; à partir de ce moment, il n’y a plus ni recette ni dépense, mais toujours la liste des petits équipements et réparations nécessaires à la vie militaire.
Voilà tout ce que j’ai pu tirer du livret militaire de Jules DRUESNE. Il est rappelé sous les drapeaux le 1er août 1914.
Source : Blog de Christine Druesne (memoires.christinedb.fr)
Cécile Becker, fille d’une tailleuse et d’un tonnelier de Malzèville (près de Nancy) est née en 1869. Elle deviendra couturière et épouse de Jules Druesne, militaire de carrière en tant que sergent-Major au 37ème Régiment d’Infanterie, le 7 octobre 1891 à Nancy.
Cécile Becker et son époux Jules Druesne
Cécile Becker et l’un de ses petits-enfants
Naîtront deux enfants : Robert, né en 1892, qui deviendra médecin et participera également à la guerre, et Gustave, dit « Loulou », né en 1902 et qui deviendra ingénieur. Dans ses lettres, Jules parle également de son petit frère Gustave, né en 1872, tailleur à Paris.
Source : Blog de Christine Druesne (memoires.christinedb.fr)
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