Le 26 avril 1912[1] arriva dans le port de New York le navire « France », parti du Havre le 20 avril, au bord duquel se trouvaient quatre Druesne, déclarés comme étant originaires de Paris et à destination de Castor, en Alberta (Canada) : Pauline Baude, 35 ans, rejoignait son mari Amédée (aussi appelé Arthur) Druesne[2], qui y était fermier, accompagnée de ses fils André (10 ans), René (3 ans et demi) et Fernand (1 an et demi). La famille était accompagnée d’un certain Léon L’Air, âgé de 26 ans, célibataire, qui se rendait au même endroit. On ignore tout à son sujet.
Pauline, cultivatrice, savait lire et écrire et disposait de 20 francs lors de son arrivée à New York[3]. Elle mesurait 5 pieds 5’’ (1,65 m), était de carnation « naturelle », avait des cheveux clairs et des yeux bleus. Elle était née à « Berisseur » et mère au foyer. Elle avait une sœur à Paris du nom de … Sartori. André, qui savait lui aussi lire et écrire, serait né à Senlis (Oise), dans les actes desquels il reste cependant introuvable[4]. René, né à « Ferrières », fait l’object, lui aussi, d’un mystère en ce qui concerne son acte de naissance[5]. Enfin, Fernand fut déclaré comme né à Caudry, bien qu’y étant, lui encore, introuvable[6]. Tous rejoignaient le Canada pour la première fois et étaient catholiques[7].
La famille parvint au terme de son voyage, à Castor, une petite localité de l’Alberta (Canada). La famille y fut réunie au grand complet et s’agrandit avec les naissances respectives de Madeleine (env. 1913), Paul (1915) et Raymonde (env. 1917).
On ignore pourquoi la famille n’est pas mentionnée dans le recensement canadien de 1921. Le 10 avril 1924, la famille entre en effet aux Etats-Unis de manière temporaire depuis le Canada, pour une période de cinq mois. Sont du voyage : Arthur, René H., Fernand A., Madeleine Y., Paul et Raymonde. Paul est décrit comme étant de carnation moyenne, cheveux brun clair et yeux bleu clair. Il est français, bien qu’étant né à Castor. Sa dernière résidence permanente était à Kelowna, en Colombie Britannique (bien qu’aucune trace de son passage ne semble s’y trouver). C’était la première fois qu’il se rendait aux Etats-Unis. La famille était déclarée en visite pour cinq mois chez un ami du nom de A. A. Frank, domicilié 974-976 Howard Street à San Francisco. Il semble qu’alors, la famille Druesne n’avait aucune intention de demander la nationalité américaine – c’est du moins ce qu’elle a déclaré. Le contact de référence indiqué pour Paul est son frère André « Aucelin », domicilié à 327 Hastings Street East à Vancouver, au Canada. La famille voyageait en « voiture ».
En 1930, les Druesne sont recensés à San Francisco. Les deux aînés, André et René, n’y sont pas mentionnés : sans doute étaient-ils décédés ou mariés. Dans ce recensement, il est indiqué qu’Arthur était âgé de 21 ans à son premier mariage, et Pauline de 23 ans ; étant donné qu’il est aussi indiqué qu’ils avaient alors respectivement 54 et 53 ans, on peut supposer qu’Arthur avait déjà été marié avant de rejoindre le Canada. Dans l’annuaire de San Francisco en 1940, Arthur et Pauline sont référencés comme cuisiniers, habitant sur Broadway street, n°1361. Paul, cuisinier lui aussi, est renseigné comme habitant au 1406, Pacific Avenue[8]. Lors du recensement de San Francisco de la même année (1940), Arthur (ici transformé en « Otto ») habitait toujours au 1361, Broadway Street, où il payait un loyer de $24[9]. Arthur avait alors 66 ans, alors que Pauline en avait 63. Arthur travaillait 48 heures par semaine comme boucher, pour un salaire de $1030. En 1943, Paul, décrit comme un blanc né en 1915 au Canada et résidant en Californie, s’engage dans l’armée[10].
Il aura fallu plusieurs années de recherches pour que les origines d’Arthur (Amédée) soient éclaircies. Si des informations cruciales à son sujet restent lacunaires, comme les circonstances de sa traversée de l’Atlantique[11], il a pu être démontré qu’Arthur était né à Marle (Aisne) le 7 novembre 1873. L’origine de son épouse demeure inconnue. Il était le fils d’Amédée Druesne, né vers 1843, et d’Aimée Coquelet, née vers 1835. L’ascendance d’Amédée est elle aussi très obscure ; des contacts[12] pris en mai 2019 laissent cependant augurer de nouvelles découvertes.
[1] Canadian Passenger Lists, 1865-1935, New York, NY, USA, April 1912.
[2] Amédée (Arthur) était alors domicilié à Castor (adresse : box 134).
[3] Passager 100890060325, page 840 du manifeste, ligne 25 (Liberty Ellis Foundation).
[4] Passager 100890060326, page 840 du manifeste, ligne 26 (Liberty Ellis Foundation). Naissance introuvable à Senlis entre 1901 et 1903.
[5] Passager 100890060327, page 840 du manifeste, ligne 27 (Liberty Ellis Foundation). Introuvable dans les actes de Ferrières-en-Brie (Seine-et-Marne).
[6] Passager 100890060328, page 840 du manifeste, ligne 28 (Liberty Ellis Foundation). Introuvable dans les tables décennales de Caudry (Nord).
[7] Canadian Passenger Lists, 1865-1935, New York, NY, USA, April 1912.
[8] R.L. Polk & Co, Polk’s Crocker-Langley San Francisco City Directory, 385.
[9] ED 38-149.
[10] FindMyPast, « World War II Army Enlistment Records ».
[11] Les actes de naissance de ses enfants sont étrangement introuvables. D’autres informations, disponibles en ligne, s’avèrent erronées : selon le California Death Index (1940-1997), la mère d’Arthur portait le nom Urigardarne. Cela est cependant faux, Arthur étant le fils d’Aimée Coquelet.
[12] Michel Blas, généalogiste dans le Nord, a expliqué avoir échangé en 2004 avec une certaine Virginia Green, la petite-fille d’Arthur « Otto » Amédée Druesne et Pauline Baude. Celle-ci était alors à la recherche de ses ancêtres européens. Contactée via Généanet en mai 2019, à l’heure de clôturer cette édition, elle n’avait pas encore répondu.
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